Rubrique bouquins: 'Un secret', par Philippe Grimbert
Ou en trois mots: une divine surprise. J'avais acheté 'Un secret' un peu par hasard, à l'aéroport de Lyon, en septembre dernier - c'est d'ailleurs comme cela que j'acquiert la plupart des ouvrages que je lis. Un coup d'oeil sur la pochette, un regard sur le résumé en quatrième de couverture, le souvenir vague d'une critique entendue à la radio, et la décision était prise. J'aime prendre des risques en achetant des livres sans en connaître le style ou la teneur, j'aime être surpris par un style, des mots, une histoire que je n'attendais pas.
Et c'est exactement ce qui est arrivé pour 'Un secret'. Ce roman de Philippe Grimbert a récemment fait l'objet d'une adaptation au cinéma, mettant en scène Patrick Bruel, Cécile de France et Ludivine Sagnier. Basé sur la dissimulation, le silence comme ultime rempart à la douleur, ces actes ou paroles que l'on tait pour ne pas souffrir ou faire souffrir, ce livre m'a vraiment ému. L'histoire du narrateur, petit garçon timide et isolé qui s'invente un grand-frère costaud et rayonnant - pour frimer devant ceux qui ne vérifieront jamais, mais aussi pour partager ses émotions - aurait pu être tout à fait banale. Sauf qu'en ce cas précis, ce qui n'aurait pu rester qu'une invention de gosse va remuer toute une histoire familiale, sombre, enfouie au plus profond des êtres - par nécessité, par peur? - depuis de nombreuses années. Petit à petit, le jeune garçon va défaire l'écheveau de l'histoire récente des siens, récolter des confidences et peu à peu découvrir l'indicible vérité, tapie au fond de la nuit. Ce qu'il n'aurait jamais pu imaginer va peu à peu apparaître, le marquant à jamais mais le rendant plus fort, pour toujours. Que sait-on finalement des siens, de leur passé, de leurs rencontres? Ce qu'ils veulent bien nous en dire. Mais au-delà des mots se cachent parfois des secrets.
Le secret du narrateur nous ramène à ce que l'on a coutume d'appeler 'les heures les plus sombres de la guerre'. Mais loin d'user de descriptions crues ou dérangeantes, Philippe Grimbert manie les mots et évoque, effleure, laisse transparaître, créant ainsi une émotion décuplée. Son texte, entièrement rédigé au présent et au passé composé, est de par l'emploi de ces temps très dynamique, nous laissant à peine le temps de souffler. Les pages se succèdent et, comme le petit garçon, on remonte le temps, on commence à comprendre ce qui s'est passé. L'émotion est intense, le coeur se serre, une douleur sourde traverse vos tripes; on est complètement happé par le récit. On a envie d'aider les personnages, omniscients que nous sommes face à leur ignorance du futur, mais l'issue est inéluctable. Non, 'Un secret' n'est pas un énième livre sur l'Holocauste, c'est un roman poignant, un témoignage décalé, une libération certainement pour l'auteur. Il ne m'a fallu trois heures pour le lire, mais nul doute que son souvenir restera en moi pendant longtemps. Comme un ouvrage de référence; un livre capable de vous bouleverser à ce point, sans être larmoyant, mais empli de détails équivoques, de sourires, de petites phrases, de regards perdus qui en disent long. On ne se sent pas mal à l'aise - encore une prouesse de l'auteur -, on reste juste là, un peu impuissants, spectateurs de vies brisées. Philippe Grimbert ne blâme pas, ne juge pas, ne commente pas; il ne fait que rapporter l'histoire des siens d'une façon formidable, dans un concentré d'émotion(s). Certains trouveront 'Un secret' triste, d'autres adoreront, d'autres encore préfèreront ne pas l'ouvrir pour ne pas être touchés.
A mes yeux, et si la qualité d'un livre se juge à l'émotion qu'il dégage, 'Un secret' est en passe de rejoindre le meilleur ouvrage de tous les temps, à savoir 'Le désert des Tartares', de Dino Buzzatti. Et c'est une sacrée référence. Je ne sais pas encore si j'ai envie de voir l'adaptation au cinéma, j'ai peur d'être déçu, de voir s'écrouler ce que mon imagination a construit au profit de la vision d'un autre, aussi talentueux soit-il. J'attends vos conseils, si vous l'avez vu...
Et c'est exactement ce qui est arrivé pour 'Un secret'. Ce roman de Philippe Grimbert a récemment fait l'objet d'une adaptation au cinéma, mettant en scène Patrick Bruel, Cécile de France et Ludivine Sagnier. Basé sur la dissimulation, le silence comme ultime rempart à la douleur, ces actes ou paroles que l'on tait pour ne pas souffrir ou faire souffrir, ce livre m'a vraiment ému. L'histoire du narrateur, petit garçon timide et isolé qui s'invente un grand-frère costaud et rayonnant - pour frimer devant ceux qui ne vérifieront jamais, mais aussi pour partager ses émotions - aurait pu être tout à fait banale. Sauf qu'en ce cas précis, ce qui n'aurait pu rester qu'une invention de gosse va remuer toute une histoire familiale, sombre, enfouie au plus profond des êtres - par nécessité, par peur? - depuis de nombreuses années. Petit à petit, le jeune garçon va défaire l'écheveau de l'histoire récente des siens, récolter des confidences et peu à peu découvrir l'indicible vérité, tapie au fond de la nuit. Ce qu'il n'aurait jamais pu imaginer va peu à peu apparaître, le marquant à jamais mais le rendant plus fort, pour toujours. Que sait-on finalement des siens, de leur passé, de leurs rencontres? Ce qu'ils veulent bien nous en dire. Mais au-delà des mots se cachent parfois des secrets.
Le secret du narrateur nous ramène à ce que l'on a coutume d'appeler 'les heures les plus sombres de la guerre'. Mais loin d'user de descriptions crues ou dérangeantes, Philippe Grimbert manie les mots et évoque, effleure, laisse transparaître, créant ainsi une émotion décuplée. Son texte, entièrement rédigé au présent et au passé composé, est de par l'emploi de ces temps très dynamique, nous laissant à peine le temps de souffler. Les pages se succèdent et, comme le petit garçon, on remonte le temps, on commence à comprendre ce qui s'est passé. L'émotion est intense, le coeur se serre, une douleur sourde traverse vos tripes; on est complètement happé par le récit. On a envie d'aider les personnages, omniscients que nous sommes face à leur ignorance du futur, mais l'issue est inéluctable. Non, 'Un secret' n'est pas un énième livre sur l'Holocauste, c'est un roman poignant, un témoignage décalé, une libération certainement pour l'auteur. Il ne m'a fallu trois heures pour le lire, mais nul doute que son souvenir restera en moi pendant longtemps. Comme un ouvrage de référence; un livre capable de vous bouleverser à ce point, sans être larmoyant, mais empli de détails équivoques, de sourires, de petites phrases, de regards perdus qui en disent long. On ne se sent pas mal à l'aise - encore une prouesse de l'auteur -, on reste juste là, un peu impuissants, spectateurs de vies brisées. Philippe Grimbert ne blâme pas, ne juge pas, ne commente pas; il ne fait que rapporter l'histoire des siens d'une façon formidable, dans un concentré d'émotion(s). Certains trouveront 'Un secret' triste, d'autres adoreront, d'autres encore préfèreront ne pas l'ouvrir pour ne pas être touchés.
A mes yeux, et si la qualité d'un livre se juge à l'émotion qu'il dégage, 'Un secret' est en passe de rejoindre le meilleur ouvrage de tous les temps, à savoir 'Le désert des Tartares', de Dino Buzzatti. Et c'est une sacrée référence. Je ne sais pas encore si j'ai envie de voir l'adaptation au cinéma, j'ai peur d'être déçu, de voir s'écrouler ce que mon imagination a construit au profit de la vision d'un autre, aussi talentueux soit-il. J'attends vos conseils, si vous l'avez vu...