Pagaille automnale
Je modifie un peu l'ordre de mes articles pour coller à l'actualité du jour. Celle-ci est marquée, outre par l'annonce de la rupture de Nicolas et Cécilia Sarkozy qu'on-s'en-fout-royalement, par une grève massive dans les transports.
Chaque automne, c'est la même chose. Aussi sûrement que les feuilles des arbres vont tomber, les cheminots vont battre le pavé. Cette fois, les voici qui stoppent le travail (enfin bon, tout est relatif...) pour contester la remise en cause des régimes spéciaux de retraite. Et oui, le président et le parlement s'attaquent à cette inégalité notoire, qui donne à une fange de privilégiés (SNCF, RATP et j'en passe...) des avantages considérables quant à la retraite : départ à 50 ans, indexation de la pension sur les tous derniers mois de salaire, primes occultes et multiples, etc. Et forcément, les 'cheminots' ou 'personnel roulant' appelez-les comme vous voudrez,ne l'entendent pas de cette oreille. Et de nous rabacher sans cesse quant à la pénibilité du travail, et de nous raconter qu'ils s'agit d'acquis sociaux à défendre becs et ongles...
Sur le premier point, la fameuse pénibilité du travail, faisons un arrêt de deux minutes en gare et tâchons de mieux situer la difficulté à pousser une manette ou appuyer sur un bouton. Essayons de comprendre en quoi bosser 32h par semaine est pénible quand d'autres, médecins, infirmières ou personnes cumulant deux emplois à mi-temps font parfois plus de 50h... Tentons de comparer la pénibilité de contrôler les billets à celle d'être en équilibre sur un toit, en plein vent, sur un chantier de construction...Pourquoi partent-ils à la retraite plus tôt? Pourquoi touchent-ils plus que les pauvres abrutis qui vont chaque matin à l'usine ou au bureau, pendant plus de quarante ans? Personnellement, je vais devoir bosser jusqu'à au moins 85 ans, tant nous allons devoir payer et nous serrer la ceinture pendant que ces boulets se la couleront douce - avec notre fric.
Quant aux fameux acquis sociaux, leur relents communistes ne cadrent plus avec le monde d'aujourd'hui. Le pire, c'est que ce sont ces mêmes personnes qui viennent nous saoûler avec les injustices du monde moderne, les problèmes sociaux, les inégalités entre les classes sociales, le fait que les riches doivent aider les pauvres, etc. Mais quand il s'agit de remettre en cause leurs privilèges, le son de cloche est tout différent!
A la radio, nous avons pu mesurer l'exaspération des 'usagers' (nous ne sommes toujours pas des clients, seulement de pauvres utilisateurs à la merci de ramiers), arrivés dans des gares vides, ou coincés dans des bouchons incommensurables. Tous ces gens vont être en retard au travail ou ont carrément du prendre une journée de vacances - de vrais otages, dépendants du bon vouloir de la SNCF. Augmentation du stress, risque d'accidents, pollution énorme ce jour-là, franchement, on se dit que le prix à payer pour les privilèges de ces types-là est bien élevé. Le pire, c'est qu'il est possible que cela continue! Heureusement, et le président et les députés se sont montrés d'une fermeté absolue quant à ce dossier. Quoiqu'il se passe, la réforme aura lieu. Ces énergumènes auront bon gesticuler et crier au scandale, ils vont enfin comprendre ce que cela fait, de ne pas avoir le choix.