No pasaran!
Non, c'est clair, ils ne passeront pas, les dizaines de milliers d'etudiants qui souhaitent simplement aller suivre leurs cours. Pourquoi? Parce qu'une poignee d'irreductibles et sombres cretins a decide de bloquer la plupart des facultes du pays. Pourquoi? Pour protester contre la loi Pecresse. Pourquoi? Parce que cette loi comporte, quelque part, le mot 'reforme'. Et que reformer, c'est pas bien, mais alors pas bien du tout.
Precisons un peu, afin que tout le monde comprenne un peu mieux. Cette loi vise a donner une independance accrue aux universites francaises via a vis de l'etat. De facon plus prosaique, cela signifie que les facultes seront gerees comme des entreprises, avec un budget a utiliser au mieux, avec des idees a proposer, des partenariats a trouver, etc. Au contraire de ce que j'ai pu entendre de la bouche des chevelus protestataires, cela ne veut pas dire que le budget alloue sera diminue, c'est sa gestion qui sera modifie. L'Etat ne sera plus la pour ouvrir sans retenue le robinet a fric; au contraire les universites devront rendre des comptes et assurer leur independance (et pas leur autarcie, comme les chevelus l'annoncent). Nos amis grevistes et bloqueurs de facs y voient un risque de creation de fosses entre les facs 'riches' et les facs 'pauvres', un risque de pauperisation de l'enseignement superieur, et a terme, un risque de voir la qualite de cet enseignement diminuer. J'y verrais plutot une chance pour les universites de developper des filieres novatrices et adaptees aux enjeux economiques actuels, plus susceptibles d'attirer les etudiants. J'y vois une chance pour les facs de chercher -et de trouver- des partenariats avec des entreprises locales pour creer des voies plus appliquees, formant mieux les jeunes au monde du travail. J'y vois une chance pour les etudiants de se voir proposer une offre plus large de cursus, un spectre de formations leur permettant de mieux trouver leur voie. Et oui, les universites devront se decarcasser pour attirer les etudiants, apprendre a gerer leurs comptes et donc limiter les depenses inutiles (ah bon, parce qu'il y en aurait? Beaucoup, dites-vous? Hmmm).
Mais voila, comme cela ne plait pas a nos amis chevelus grevistes, ils decident de bloquer les cours et d'empecher les autres etudiants d'acceder aux locaux. Si encore il s'agissait d'un mouvement unanime, passe encore, mais la, les grevistes sont largement minoritaires! J'ai cru entendre qu'a Toulouse, ce sont 600 'pas-contents' qui empechent 34,000 autres jeunes d'aller etudier! On croit rever! Remarquez, pour avoir vecu de l'interieur la greve de 1995, je ne suis pas tellement etonne: combien de fois me suis-je pointe a l'entree de Jussieu pour me faire annoncer que non, pas aujourd'hui, y'a pas cours. Parce que le prof est malade, comme au college? Non, non, parce qu'on ne te laissera pas rentrer, c'est comme ca.
Alors voila, une bande soixante-huitards en retard, de neo-communistes passeistes, qui sous couvert de defendre l'enseignement superieur francais, se permettent de nous casser les burnes. Ils feraient mieux d'aller bosser plutot que de monter des barricades, d'organiser des assemblees generales de m. ou quelques chefaillons prennent la parole avec leurs grandes gueules. Ah ils sont beaux, les chevelus, habilles a la 'j't'emmerde', comme dit Tatane, pas coiffes, avec leurs grandes idees revolutionnaires. Ils vont se prendre une sacree baffe dans la figure lorsqu'il faudra affronter le monde du travail, rendre des comptes a un superieur, etc. On en viendrait presque a regretter que le service militaire ait disparu - cela aurait pu leur remettre les idees en place. Je m'emporte mais franchement, que cette graine de greviste aille au diable et nous foute la paix.
De toute facon, il est clair que la France ne pourra etre reformee. Tout le monde est d'accord pour dire que notre systeme de sante, notre systeme de retraites, nos institutions judiciaires, notre enseignement, doivent etre modifies en profondeur pour repondre a la nouvelle donne economique. Au risque de conduire le pays a sa perte si rien n'est fait. Pourtant, au moment de passer a l'action, on se heurte toujours a une poignee de privilegies qui, sous pretexte de defendre leurs petits avantages mesquins et bien a eux, sont capables de bloquer une reforme. Eux utilisent bien la prise d'otages, les blocages sauvages et la greve; pourquoi pour une fois, une reforme ne pourrait pas etre imposee, assise de force? No pasaran? Et bien, on verra qui est le plus fort. A la fin, ce qui doit etre prend toujours le pas sur ce qui est. Ainsi va le monde. Avec ou sans les chevelus.