Made in Germany...
Décidément, depuis mon retour en France le mois dernier, les surprises musicales s'accumulent. Après avoir évoqué il y a quelques jours avec vous la pauvreté du paysage musical français (en tout cas tel qu'il est présenté par certains médias; parce qu'en grattant un peu, on découvre de vrais pépites. Mais pas médiatisées...), j'avais envie de discuter d'un phénomène qui m'a frappé. Je veux parler de la déferlante allemande; tous ces morceaux en teuton qui nous sont diffusés par les radios et les chaînes musicales. Notez que je n'ai rien contre les allemands; je fais juste une remarque. Il est vrai que le fait est assez rare pour être souligné...A part le fameux '99 luftballons' de Nena sorti en 1983, je n'avais pas entendu de chanson dans la langue de Goethe depuis un moment. Certes, de nombreux groupes d'origine germanique, comme Metallica, Scorpions, Rammstein, Guano Apes etc. sont plus ou moins présents sur la scène rock, mais la majorité de leurs hits ont été publiés en anglais - une langue somme toute plus accessible, et moins aggressive à l'oreille.
Mais en ce moment, c'est une vraie vague allemande qui caresse, que dis-je, qui se brise sur nos côtes musicales françaises. Depuis l'émergence de Tokio Hotel (il faut bien commencer par eux...), qui a déjà sorti deux albums et un DVD live en deux ans, d'autres groupes ou artistes se sont engouffrés dans la brèche, souvent avec force guitares et braillements divers - et plus ou moins de qualité. Prenez Killerpilze: hormis le look, cela ressemble étrangement à TH (il paraît qu'il faut dire comme ça): des ptits gars allemands, maximum 19 ans, au look d'adolescents plus ou moins travaillé, qui s'escriment sur leur guitare. Mais là où Tokio Hotel s'est arrêté à l'anglais pour toucher un plus vaste public (dont la France), Killerpilze a réussi un coup marketing encore plus savant. En intégrant, dans un de leurs morceaux, une seule petite ligne en français ("c'est un premier matin sans toi"; le reste étant bien sûr chanté dans la langue de Goethe), ils se sont mis le public français dans la poche. Reste à savoir s'ils vont décliner cette phrase en russe, suédois ou papou afin d'atteindre d'autres audiences. Remarquez, le morceau en lui-même n'est pas trop mal - je l'ai d'ailleurs d'abord entendu à la radio avant de voir le clip, me demandant pendant quelques jours à quoi ressemblait ce groupe allemand. Grosse claque en découvrant que les trois membres du groupe ont genre 50 ans à trois...Au fait, Killerpilze signifie champignons tueurs; c'est marrant comme nom, je trouve. Non, non, ma connaissance de l'allemand n'est pas poussée à ce point; il faut ici remercier Wikipedia pour ses -toujours - précieuses informations.
Continuons notre tour d'horizon. L'autre groupe germain que j'ai récemment entendu se nomme Nevada Tan. Pour le coup, on sort du style TH/Killerpilze pour entrer dans un type musical déjà dominé par Linkin Park (dont le dernier 'Shadow of the day' est excellent): du rock très lourd, mâtiné de rap et de hip/hop, avec scratches, etc. Sauf que bon, combiné au doux language allemand, ce style fait vite mal aux oreilles. Bon, je n'ai entendu qu'un morceau, mais on reste loin, très loin de la qualité de LP. Entre Nevada Tan et Rammstein, c'est à se demander qui fait le plus de bruit et chante le plus fort - et le plus grave.
Encore un autre exemple, féminin cette fois: vous avez peut-être déjà entendu LaFee (en un seul mot)? Cette jeune fille d'à peine 18 ans est souvent considéré comme l'alter ego féminin de Tokio Hotel, allez savoir pourquoi. Bref, la miss chante donc en allemand, ce qui, il faut bien l'avouer, n'est pas la plus jolie langue pour exprimer sa féminité. Et sur le plan musical, mouais, bof bof, rien de bien transcendant. Les titres que j'ai écoutés ne m'ont pas beaucoup emballé, LaFee navigue entre un style Amy de Evanescence ou Sharon de Within Temptation, y rajoutant des mouvements de bras très hip hop. Etrange mélange. Beurk. Enfin, bon, il y en a certainement qui aimeront.
Je pense simplement que ce genre d'artiste n'aurait jamais percé en France sans la 'réussite' préalable de Tokio Hotel, qui a en quelque sorte réhabilité la langue allemande par chez nous. Comme quoi, la musique obéit aussi aux phénomènes de mode, auxquels on ne peut malheureusement pas échapper. Enfin si, on peut toujours choisir sa radio, sa chaîne musicale préférée, mais l'opinion générale restera influencée par ce que l'industrie du disque et des médias voudra bien nous filer à bouffer - pardon, à écouter. Heureusement que le phénomène O-Zone n'a pas perduré après 'Dragostea din tei', sinon on en serait tous à fredonner en moldave...