Aventures au salon de coiffure...
Je vous dois tout d'abord quelques excuses pour n'avoir pas plus écrit que cela ces derniers jours - mais voyez-vous, entre la famille venue nous retrouver à Grenoble, le ski et le boulot, je n'ai pas eu beaucoup de temps...
Bref, samedi dernier, j'avais pris rendez-vous chez le coiffeur. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a toujours inspiré, les salons de coiffure. C'est tout de même un endroit étrange, peuplé d'êtres non moins bizarres, avec une déco à des années-lumières de mes standards. Tout a bien commencé; à peine la porte passée, le patron me demande, texto, "vous venez pour vous faire coiffer, monsieur?". Sans déconner. Un truc à la Bigard, quoi. J'ai failli répondre "non merci, mais je veux bien une baguette et deux pains au chocolat", mais j'ai eu peur d'être un peu excessif sur ce coup-là. Enfin bon, une jeune femme m'a demandé mon manteau, qu'elle a réussi tant bien que mal à caser au milieu des vestes en cuir et manteaux de fourrure (incroyable comme c'est épais et lourd, un manteau de fille), et ni une ni deux, me voici drapé d'un peignoir façon kimono qui, je l'avoue, m'allait plutôt bien au teint. Nan, je déconne...mais franchement, ils pourraient pas avoir une version pour homme, en termes de coupe et de couleur?
Une autre jeune femme, nommée Sandra je crois, m'a guidé vers les bacs à shampooing, au cas où je n'arriverais pas à trouver mon chemin (c'est pas un aéroport, quand même!). D'ailleurs, c'est rigolo, mais dans les salons de coiffure, les filles ont toujours des noms qui se finissent en A. Sandra, Sonia, Jessica, Samantha, etcaetera. Je suis sûr que cela fait partie des critères de recrutement..."Kelly? Ah non, désolé mademoiselle, ça ne va pas être possible...". Et cette clique de jeunes donzelles est immanquablement encadrée par un homme d'environ la quarantaine, bronzé à l'excès, habillé en blanc, les cheveux gominés, et qui doit coiffer au maximum deux clientes par jour. Le reste du temps, il doit compter les billets dans la caisse ou reluquer les mecs comme moi (j'espère pas).
Enfin bon, pendant le shampooing, ma petite Sandra demande, entre la description du shampooing utilisé (un truc sensé donner des effets que je n'avais même pas demandés) et l'inévitable "l'eau est pas trop chaude?" ("ma tête qui fume, c'est un bon indice?"), si j'ai bien reçu son texto hier soir. Il m'a bien fallu une seconde pour réaliser qu'elle ne s'adressait pas à moi, mais à sa collègue qui était en train de masser le cuir chevelu d'une vieille peau...Meuh non, je n'étais pas déçu, juste surpris; heureusement que j'ai compris à temps, sinon j'aurais eu l'air très con en lui demandant de répéter.
Direction la chaise de torture, face au miroir. "Un magazine, monsieur?". Bah non, 'Elle 'ou 'Marie-Claire', très peu pour moi...vous n'auriez pas le dernier France Football à la place? Non, bah tant pis...Le temps d'expliquer comment je voulais être coiffé, et la voilà partie, la Sandra, à me demander si je vais au ski, et où, et si la neige était bonne, et bla bla bla...Questions insipides auxquelles je réponds invariablement par une expression de type monosyllabique, voire, dans des moments de lucidité et de philantropisme extrêmes, de type bisyllabique. Parce que franchement, face à un miroir, en kimono, et avec une fille tenant un ciseau dans une main et une tondeuse dans l'autre, je suis plutôt pas bavard. Mais alors pas du tout. Je déteste parler chez le coiffeur, ça me gonfle. Non pas que Sandra n'était pas intéressante, c'est juste que je n'ai jamais envie de parler dans ces endroits-là...Et forcément, c'est difficile de lui demander de se taire - "attends, arrête de parler une seconde pour voir? Ah ouais, c'est carrément mieux", alors on la laisse embrayer sur le temps qu'il fait, sur le monde qu'il y a au salon aujourd'hui, et patati, et patata...Résultat, on perd des cheveux mais on gagne un mal de crâne certain à force de subir ce flot verbal.
Touche finale: "c'est assez court"? Et si je réponds que c'est trop court, elle fait comment, elle me les recolle? Et puis cette habitude vous mettre un miroir derrière le crâne pour vous montrer votre belle nuque bien coupée, ça sert à quoi? Vous avez déjà dit, vous, à ce moment, que cela ne vous plaisait pas? Alors voilà, on annône bêtement, on se lève, on retire le beau kimono à regrets, et l'on s'approche de la caisse où le Don Juan aux cheveux gras nous déleste d'une somme indécente pour trois coups de ciseaux...
Et malgré tout, on doit y retourner le mois suivant...La nature n'est-elle pas mal faite?