Arbitre de taekwondo: un métier difficile?
On peut appeler ça un pétage de plombs, un pétage de cable, péter une durite - quel que soit le terme employé, la définition du geste du Cubain Angel Matos reste la même. Resituons le contexte. JO de Pekin, finale pour la médaille de bronze +80 kilos entre le cubain Matos et un Kazakh. Le cubain mène 3 points à 2 lorsqu'il demande l'intervention des soigneurs pour une blessure au pied. Le règlement indique que la durée maximale d'action es médecins est d'une minute et trente secondes. Alors que ce temps touche à sa fin, et au moment où le cubain se relève pour reprendre le combat, l'arbitre le disqualifie pour dépassement du temps. Adieu la médaille, le kazakh gagne et repart avec la médaille de bronze...Sauf que notre ami Matos ne l'entend pas de cette oreille. Dans une colère noire, frustré par la décision contestable de l'arbitre - qui a bien vu qu'il était en train de se relever et aurait pu attendre un quart de seconde - Matos lui a tout simplement balancé un high-kick en pleine tronche. Comprenez un coup de pied au visage, un coup par ailleurs assez difficile à porter en taekwondo. Bien entendu, de nombreux juges sont entrés sur le tapis pour tenter - je dis bien tenter - de calmer le cubain, l'un des intervenants se prenant même un coup de poing en pleine poitrine.
Matos a subi quelques heures plus tard les conséquences de cette vengeance sauvage: exclu à vie par la fédération, il ne pourra plus prendre part à une quelconque compétition de taekwondo.
Ce qui est gonflant, dans cette histoire, c'est l'indignation horrifiée que le geste de Matos a provoqué. On invoque l'esprit olympique, le respect et bla bla bla, estimant que le cubain n'aurait jamais dû agir de la sorte. Loin de moi l'idée d'excuser son geste, loin de là; simplement, il faut aussi tenter de comprendre. Et moi, je la comprends, sa réaction, face à l'injustice dont il a pensé être victime. En quelques secondes, et sur une décision arbitrale toute en intransigeance et en inflexibilité, voilà des années de travail, des heures d'entraînement qui s'évanouissent. Tout un rêve brisé en morceaux. Quiconque a déjà participé à une compétition sportive peut saisir que, pendant quelques instants, on puisse péter les plombs dans ce genre de situation. On a beau être le type le plus gentil sur terre, personne ne peut prévoir comment on va réagir face à cette chose-là. Les repères disparaissent et la partie primale de l'être humain reprend le dessus. Je vous promets que le Teds aurait réagi de façon identique (ceux qui m'ont déjà vu sur un terrain de sport - foot, volley ou rugby - en témoigneront!). J'entends déjà les bien-pensants me dire que ces athlètes doivent réagir en champions, accepter le décision, limite dire "oui merci monsieur" et patati et patata. Ca, c'est dans le monde des Bisounours, c'est pas la vraie vie.
Et puis ça leur fait du bien, aux arbitres, de s'en prendre une de temps en temps. Cela les fait descendre de leur piédestal, où tout leur est permis, où rien ne les atteint, où leurs erreurs n'ont aucune conséquence sur leur carrière à eux. Certes, l'erreur est humaine, mais si l'on admet cela, on doit aussi admettre qu'un athlète puisse péter un câble et tout balancer en un dixième de seconde. C'est ce qui les rend humain - leurs faiblesses. Remember Zizou...
Allez, parce qu'il faut bien que vous voyiez enfin de quoi je veux parler, appuyez sur play et admirer le magnifique high-kick d'Angel Matos sur l'arbitre...D'abord quelques clichés, puis la vidéo censurée de partout!