La vie aux Pays-Bas, volume 7: les fléchettes
C'est la retransmission en direct des rencontres du tournoi mondial de fléchettes de Lakeside qui m'a donné envie de vous parler de ce 'sport', quasiment national ici aux Pays-Bas. Dans ce pays, il n'y a que très peu de bars qui n'ont pas leurs cibles; les compétitions sont télévisées en direct sur plusieurs chaînes dont Eurosport (!) et mes concitoyens affichent un réel engouement pour ce sport.
Et oui, contrairement aux apparences, les fléchettes (darts en anglais) sont un sport...Bon, OK, pas violent, pas trop usant physiquement, n'offrant que peu de contacts avec l'adversaire, mais un sport quand même...dont les pratiquants sont d'un genre un peu particulier.
Ici, point d'athlètes musclés, huilés, point de beaux gosses recouvrant les pages glacées des magazines pour midinettes...Non, non, l'Homo Flechetus est d'un tout autre type. Tentons de dresser un portrait robot, aidé en cela par les photos illustrant cet article. Le roi de la fléchette est en général bedonnant, son expérience des tournois étant indiquée par la taille de sa bouée corporelle. Les jeunots qui débutent semblent bien fluets et menus face aux mastodontes présents sur le circuit depuis des années déjà. Il porte toujours une chemise brodée à son nom ou à son surnom: The Snake, The Count, The Lightning, The Power, Barnie...les sobriquets sont tous plus élaborés les uns que les autres. Le vêtement est ample (pour la bedaine, donc), brillant à souhait, et il faut bien l'avouer, d'un mauvais goût fort prononcé.
L'Homo flechetus porte le plus souvent de multiples tatouages sur les avant-bras, qu'il a musculeux à force de lancer le lourd projectile vers sa cible. Mais attention, je ne parle pas des tatouages maoris ou tribaux qui claquent, mais de vieux tatouages de marins, bien verts, genre dragons, coeurs avec 'maman' dedans, ou jeune femme dénudée. Poursuivons notre analyse. Notre athlète aime ce qui brille, il porte donc souvent de nombreux bracelets et bagues aux deux mains, ce qui doit finalement les gêner pour pratiquer leur activité favorite. Penchons-nous sur leur coupe de cheveux. Comme en témoignent les clichés ci-contre, nos amis ne sont pas vraiment à la mode de ce point de vue-là. Le mulet est de rigueur, tout comme le brushing bien 80s...
Mais à quoi jouent-ils, au fait? Alors, le principe des fléchettes: les deux joueurs partent avec un total de 501 points, qu'ils doivent ramener à 0 le plus vite possible. Pour cela, ils lancent chacun leur tour trois fléchettes, tentant de faire le plus grand total à chaque fois. La cible est divisée en vingt segments, marqués de 1 à 20, avec des zones permettant de doubler ou tripler cette valeur. La zone centrale vaut 50 points (c'est le Bull's eye, oeil de boeuf), 25 points pour sa couronne. Donc le maximum en trois fléchettes est de 180 (3 fois 60 points), ce que les candidats s'escriment à atteindre. Lorsqu'ils y parviennent, la foule avinée présente derrière eux, attablée comme pour un banquet du Moyen-Age, s'excite et agite des petites pancartes marquées '180' dans un bruit indescriptible. Pour arriver à 0, il faut forcément finir par un double: on ne peut pas faire 16, par exemple, il faut faire 2x8. Et oui, notre Homo flechetus doit donc être excellent en calcul mental, ce qui, vous l'avouerez, ne cadre pas vraiment avec son air de mollusque côtier.
Mais bon, c'est sympa les fléchettes, ça détend et cela ne demande pas une réflexion ardue sur les règles, au contraire du cricket ou du rugby. En plus, cela développe les capacités mathématiques...Alors si vous cherchez un sport sympa et pas prise de tête, les fléchettes sont ce qu'il vous faut!