Rubrique films: 'Embrassez qui vous voudrez'
Voici un petit bijou de comédie dramatique réalisée par Michel Blanc en 2002. Regroupant un casting hallucinant, ce film nous a de nouveau scotchés devant l'écran hier soir...comme la première fois.
On y suit les parcours de plusieurs personnages, célibataires ou en couple, lors d'un été au Touquet, sur les côtes du nord de la France. Certains viennent y chercher le repos, d'autres l'aventure, d'autres l'amour, d'autres un peu de solitude...chacun est plein de petits secrets, et au fil du temps, le vernis s'écaille et laisse apparaître les faiblesses, derrière les apparences savamment travaillées.
Bertrand, campé par un Jacques Dutronc désabusé et cynique à souhait, mari volage et porté sur la bouteille, préfère laisser sa femme Elisabeth, interprétée par une Charlotte Rampling toujours aussi classe, passer ses vacances seules à l'hôtel. Fatiguée, elle se rend au Touquet pour se ressourcer,et va servir de point d'ancrage à plusieurs autres personnages du film. Elle commencera par inviter Julie (Clotilde Courau), fille un peu paumée à la recherche de l'amour dans les bras des gigolos du coin, qui délaissera régulièrement son bébé, petite terreur sur pattes. Julie finira dans le lit de Vincent Elbaz, dragueur patenté dont les approches sont cousues de fil blanc (mais elles marchent!)...mais le gigolo cache un secret bien triste. De leur côté, Jérôme (Denis Podalydès, hilarant en looser fini collectionneur de compteurs à gaz) et Véro (Karin Viard, toujours aussi charismatique) claquent leurs toutes dernières économies pour ces vacances. Alors que Véro croit que Jérôme a réservé dans le même hôtel que leur amie Elisabeth, elle va vite déchanter en découvrant l'endroit idyllique qu'il a finalement choisi...Leur fils Loïc, interprété par un Gaspard Ulliel (Un long dimanche de fiançailles) encore tout jeune, en est encore au stade des amours de vacances, prenant soin de ne pas être vu en compagnie de son père.
Ajoutez à ce puzzle sentimental la jolie Carole Bouquet, dont le mari hyper jaloux (Michel Blanc, absolument excellent!) déclenche la majorité des fous rires du film, ou encore l'horripilante Lou Doillon qui joue la fille de Bertrand et Elisabeth), et vous obtenez un patchwork croustillant, un savant équilibre d'histoires simples qui s'entrecroisent. On se perd, on se retrouve, on s'éloigne, on se rapproche...rien n'est jamais clair, tout est toujours un peu trouble, le rire est toujours un peu retenu, car l'on devine derrière les sourires de véritables souffrances. Dans cet entrelac de parcours tortueux, Michel Blanc est un guide parfait, promenant sa caméra d'un personnage sur l'autre, les effleurant, leur laissant plus ou moins de temps pour se découvrir. Les comédiens sont d'une justesse étonnante, leur complémentarité est évidente et l'alchimie se fait à merveille.
Après 1h40 de film, on regarde le générique avec un léger sourire aux lèvres, la tête pleine d'émotions contradictoires, simplement reconnaissant envers quelques personnes de nous avoir fait passer un si bon moment. On revoit les sourires, les larmes, les espoirs, les déceptions, et l'on se dit que finalement, ces personnages nous ressemblent tous un peu...
Allez, filez voir cette douce tranche de vie, et faites-moi part de votre opinion...