Perpétuité+perpétuité=18 ans...
J'avais initialement pensé vous parler de mon aversion pour cette fête pathétique qu'est la St-Valentin, mais j'ai préféré réagir à quelques sujets de l'actualité française qui m'ont particulièrement interpellé. Et oui, même de loin, on peut suivre les nouvelles de son pays...via la radio, principalement. Alors merci RTL de me donner tant de matière pour mon blog...
Commençons par l'évènement qui a généré le titre de cet article. La semaine passée, un activiste indépendentiste basque, Philippe Bidard, est sorti de prison après avoir passé 18 ans derrière les barreaux dans l'Aube. Jusque-là, bon, rien de bien exceptionnel. Le hic, c'est que le gus avait été condamné à DEUX FOIS la perpétuité + 20 ans pour le meurtre de deux CRS et d'un gendarme en 1988...Donc dans la logique de la loi de notre beau pays, deux peines de perpétuités qui s'additionnent, auxquelles on ôte la racine carré du nombre de barreaux de la cellule avant de multiplier par le nombre de cendriers que le type a confectionnés en prison, et on obtient une libération sous contrôle judiciaire après 18 ans. Si des juristes ou des avocats lisent le blog (vous êtes plus de 150 par jour en ce moment, ne me dites pas qu'il n'y en a pas un qui fait du droit?), il faudra qu'ils m'expliquent comment on peut en arriver là...
Si encore le monsieur était sorti de façon discrète de prison, on aurait pu ne pas en parler, mais là, il n'a rien trouvé de mieux à faire que de brandir un drapeau basque en déclarant, poing levé, que le Pays Basque doit vivre. Question regrets, remords, pas un mot. Comme si 18 ans en prison ne l'avaient pas réfléchir. Un comble si l'on pense qu'outre la protection de la population, les peines d'emprisonnement doivent déclencher une prise de conscience personnelle et amorcer un début de rédemption. On pense aux familles des trois agents que Bidard a descendus, à ces femmes, ces mères, ces enfants, qui doivent vivre non seulement avec le souvenir des assassinats, mais aussi avec la colère de savoir le tueur hors de prison.
Quel avenir pour le monsieur? Il doit désormais effectuer 7 ans de travaux d'intérêt public à Béziers, dans l'Hérault, pas si loin que cela du Pays Basque, où il est interdit de séjour. Alors qu'on aurait pu l'envoyer dans le nord ou en Bretagne (oups, non, mauvaise idée), il se retrouve donc dans l'Hérault. Notons que le maire de Béziers n'avait rien demandé à personne - il se retrouve avec le fardeau sur les bras sans avoir pu donner son avis...Bidard sera 'éducateur' pendant ces sept années.Je me demande bien qui il va pouvoir éduquer, et comment.
Non, décidémment, et au-delà de tout parti-pris politique (que le Pays Basque soit indépendant ne me dérange absolument pas, tant que cela se fait dans la paix), je ne comprends pas comment notre pays fonctionne. Eclairez-moi, parce que je suis perdu, là.
Hier, la société française pétrolière Total a annoncé des bénéfices records pour son année 2006 - 15 milliards d'euros. Et aujourd'hui, ce fut au tour de la BNP d'annoncer un résultat net de plus de 7 milliards d'euros pour l'année dernière. Une polémique est aussitôt née: que faire de cet argent? La règle capitaliste de base visant à répartir en trois parts égales ces sommes (un tiers à réinvestir dans le développement, un tiers pour les actionnaires et un tiers pour les salariés) ne semble pas s'appliquer pour ces montants exhorbitants. J'avoue ne pas savoir quoi en penser. D'un côté, il y a le libéral en moi, celui qui chérit la libre entreprise et loue les hommes qui ont des c.. et prennent des risques pour monter quelque chose, de l'autre, le philantrope qui se dit que tant d'argent devrait être soit taxé soit redistribué. Sans tomber dans le communisme primaire, s'entend. Il est intéressant de voir qu'à une semaine d'intervalle, nous avons droit au début du procès de l'Erika (ce bateau de Total qui avait provoqué une gigantesque marée noire en 1999) et à la publication de résultats pharaoniques pour le groupe pétrolier. Sachant que ses dirigeants s'enrichissent en fait en exploitant des ressources naturelles qui devrait être la propriété de l'humanité, leur mérite décroit, avouons-le. Surtout, puisqu'ils prennent à la Terre, autant qu'ils lui en rendent un peu en versant une indemnité-écologie substantielle. Attention, pas de Nicolas-Hulotisme chez le Teds, juste de la logique. Sachant que les hydrocarbures proviennent de la décomposition des corps des dinosaures qui peuplaient la Terre il y a 60 millions d'années, ce sont même les paléontologistes qui devraient recevoir une indemnité. Ou les dinosaures. Enfin non. Bref.
Alors, redistribuer les bénéfices aux salariés? Aux actionnaires? Aux populations des pays dont le sous-sol est régulièrement pillé? Qu'est-ce que vous en pensez?
Dernier sujet sur lequel je souhaitais réagir, cette pseudo-course poursuite qui s'est déroulée la semaine passée dans la banlieue de Lyon et a coûté la vie à deux 'jeunes' du coin. Au menu, une histoire finalement banale, dans laquelle des adolescents de 15 ans volent une voiture après avoir bu de la vodka et fumé des pétards (normal), la conduisent sans permis - et sans âge de l'avoir (normal), et finissent par rentrer dans un pilier de pont avec la police aux trousses.
Il est alors reproché aux policiers d'avoir poursuivi les jeunes délinquants, ce qui aurait provoqué leur mort. Tout le monde s'indigne de l'issue de l'histoire (et j'en conviens), mais personne ne s'interroge sur les causes, sur les responsabilités. On en oublierait presque que voler une voiture est illégal, que conduire sans permis est illégal, que conduire sous l'emprise de la vodka et du cannabis est encore plus illégal, et que les flics ont finalement fait leur boulot en cherchant à les arrêter. Mais voilà, vu le contexte géographique ('banlieue') et politique (élections à venir), chacun vient donner son avis et des leçons. Les gens disent en choeur 'ils n'auraient pas dû les poursuivre'. Et en quel honneur? Je dirais simplement qu'il y a des lois à respecter partout; elles ne sont peut-être pas rigolotes ou fun, mais elles ont le mérite d'offrir un semblant d'ordre à ce pays étrange qu'est la France.
Qu'on me comprenne bien; je ne prends parti pour aucun des deux 'camps', j'en ai simplement ras-le-bol d'entendre les gens vociférer dès que des flics sont impliqués dans une histoire, aussi tragique soit-elle. Par défaut, le flic a toujours tort, les autres sont toujours des victimes. Peu importe leurs actes, leurs crimes, leur attitude, ils sont étrangement plus défendables. De toute façon, même s'ils sont condamnés, ils sortiront bien vite. Et hop, la boucle de l'article est bouclée.
Tiens, dans le monde de Starsky et Hutch, c'était mieux, c'était plus clair. Retournons-y.
Enfin bref, voilà, quoi. Allez, lâchez-vous, discutons-en, le net est aussi là pour ça ;-)