Rubrique films : 'Zodiac'
L'avantage de cette petite semaine de vacances en France chez Papa-maman, c'est que je trouve enfin un peu de temps pour penser aux choses basiques de la vie, comme aller au cinéma...
Donc lundi soir, direction Disney-Village pour aller voir 'Zodiac', le tout dernier chef d'oeuvre de David Fincher, génial réalisateur du morbide Seven ou du déjanté et esthétique 'Fight Club'. 'Zodiac', écrit à partir d'une histoire vraie, retrace la traque d'un insaisissable serial-killer dans la région de San Francisco, à la fin des années 60/début des années 70. Se surnommant le Zodiac, ce tueur en série écume la région et terrorise les habitants, narguant la police en les abreuvant de lettres et de messages codés censés réveler son identité. Certes, le spistes existent, mais aucune ne semble mener au tueur, qui reste introuvable. Un jeune dessinateur du San Francisco Chronicle, journal auquel avait été envoyée la première lettre, va s'interesser de près à l'affaire, persuadé de pouvoir retrouver la trace du tueur. Robert Graysmith, interprété par un Jack Gyllenhaal loin de ses pitreries d'homme-araignée, va ainsi mettre en péril son mariage, tant il sera pris par son enquête. Va-t-il le retrouver? Vous ne croyez tout de même pas que je vais vous le dire...
Zodiac est un excellent film. Esthetiquement, c'est un bijou, filmé d'une manière alliant percussion et reflexion, avec des filtres jaunes dont le but est de 'vieillir' l'image, l'action se passant dans les seventies. Inutile de dire que les décors et les costumes sont particulièrement bien réussis, illustrant à merveille l'Amérique de cette période. Côté voitures et rues, on se croirarit dans 'Driver', pour les amateurs de jeu vidéo, ou encore dans 60 secondes chrono (première version), voire Bullit.
David Fincher est un manipulateur hors-pair. Il parvient à alterner de façon très réussie les scènes prenantes de l'enquête à proprement parler, avec ses codes, ses suspects, ses doutes, ses interrogations (on peut comparer cela à l'enquête de Kevin Costner dans JFK), et les scènes flippantes de meurtre, par exemple. Même si l'on ne voit quasiment rien de celles-ci (quoique, je vous laisse la surprise...), la tension qu'elles dégagent est telle qu'elle vous fait vous cramponner au siège. Il existe une peur latente, un peu comme dans Seven, quelque chose qui vous fait vous ronger les ongles pendant les 2h40 du film. Dès qu'on se relâche un peu et qu'on se laisse prendre par le jeu de l'enquête policière, le réalisateur nous ramène le tueur et le film rebascule dans le thriller. Avec des scènes d'anthologie, comme celle où Robert se retrouve chez un informateur bien flippant, dans une maison glauque à souhait et qui craque de partout. Certains passages, en intensité, m'ont rappelé 'Le silence des agneaux', c'est dire...Non, vraiment, c'est fort, très fort - si le cinéma est là pour procurer des émotions, David Fincher a réussi son pari avec ce Zodiac : on passe par toute une gamme de sensations, allant de la peur quasi panique à l'espoir de démasquer le tueur, de la compassion pour les flics impuissants à l'appréhension lorsque l'on sent une scène de meurtre approcher...
Quant aux acteurs, ils apportent leur pierre à un édifice aussi beau. Outre Jack Gyllenhaal, les autres acteurs sont plutôt des habitués des seconds rôles, mais livrent une prestation parfaite. Ainsi, Mark Ruffalo, déjà en flic dans l'excellent 'Collateral', campe un inspecteur chargé de l'affaire mais qui ne saura bientôt plus à quel saint se vouer pour la résoudre. Son coéquipier n'est autre que Anthony Edwards, le Dr. Greene d'Urgences. On y retrouve aussi Robert Downey Jr. en journaliste alcoolique, Dermot Mulroney en chef de la police locale, et toute une palette de personnages plus vrais que nature. Aucun n'en fait trop, tous contribuent à la cohésion du film. Même si Zodiac dure près de 2h40, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, tiraillé entre la flippe et l'espoir de voir le Zodiac enfin arrêté...
Cela m'a donné envie de lire le livre du vrai Robert Graysmith, où il reprend les différents indices pour échaffauder des théories sur l'identité du tueur.
Pour les amateurs, et pour vous persuader d'aller voir Zodiac, je vous livre ici sa bande-annonce...Spooky, isn't it?
Quand vous aurez vu le film, on pourra disserter sur le fait qu'il n'a en rien été récompensé à Cannes, où il était pourtant présenté...Quoique, ne pas recevoir de récompense à Cannes, c'est certainement la meilleure chose qui puisse arriver à un film.