Rubrique bouquins : 'Pars vite et reviens tard', par Fred Vargas
Oui, je sais; il m'en aura fallu, du temps, pour terminer ce roman...Oh, non,non pas parce qu'il n'est pas bon, au contraire, mais par simple manque de temps...et par accumulation de fatigue. Dur dur de progresser dans cette enquête policière à raison de deux pauvres pages par soir, avant que les yeux ne se ferment d'eux-mêmes...
'Pars vite et reviens tard' : voilà un bien curieux titre pour un livre...Mais l'on finira par apprendre, au coeur du roman, ce que voulait dire l'auteur. Noir, corsé, retors, ce livre est comme un café sans sucre. L'atmosphère est plutôt sombre, nuageuse, et finalement très contemporaine. Mêlant enquête policière, ésotérisme et évocation du Moyen-Age, Fred Vargas créé un univers bien particulier, comme une bulle, une sorte d'itinéraire bis dans le Paris de la fin du XXème siècle. Deux histoires, pour commencer le roman...Celle de Joss Le Guern, ancien marin breton, reconverti crieur public sur la place Edgar-Quinet, à Paris. Trois fois par jour, Joss grimpe sur sa petite estrade et déclame les messages laissés par des anonymes dans sa petite boîte la nuit précédente : déclarations d'amour, plaintes envers les voisins, petites annonces...A 5 francs le message, l'activité est rentable. Un beau jour, Joss commence à recevoir des messages étranges, accompagnés d'une somme plus importante que la mise habituelle. Parfois en latin, souvent incompréhensibles, ces textes ne semblent accessibles qu'à quelques individus. Mais poussé par sa conscience professionnelle, Joss en poursuit la lecture, jour après jour...
De leur côté, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg et son adjoint Danglard font face à une bien curieuse affaire : on leur rapporte que des signes bien singuliers, sortes de 4 inversés avec une base élargie, ont été dessinés sur les portes de plusieurs immeubles parisiens. Ces symboles sont suivies de trois lettres : CLT...Jusque-là, rien de bien dramatique, sûrement une bande de taggeurs...Jusqu'au moment où les morts vont s'enchaîner, ne touchant que des personnes dont la porte ne portait pas ce signe étrange...L'affaire se complique et prend une tournure historique lorsque l'on s'aperçoit que les cadavres portent des symptomes rappelant ceux de...la peste, tout simplement.
Bien vite, les deux histoires originales vont s'entrecroiser, s'entrechoquer dans un crescendo bourdonnant. Le suspense progresse à mesure que l'enquête piétine et que les morts s'accumulent...Qui a 'ressuscité' ce fléau terrible? Et pourquoi? Qui sont ses victimes, sont-elles choisies au hasard ou bien s'agit-il d'un cheminement plus élaboré? Nos deux flics, finalement si ordinaires, empêtrés dans leurs affaires personnelles, sauront-ils comprendre la démarche du tueur et remonter sa trace?
Fred Vargas (au fait, il s'agit d'une dame) a su générer une atmosphère particulière dans son roman, entraînant le lecteur dans les méandres de l'histoire. Les personnages, principaux ou secondaires, sont extrêmement fouillés et créent une galerie de portraits atypiques et attachants. Dans certains passages, on se croirait dans un épisode de La Crim' ou PJ, où Paris est si présente, si pesante, où le quotidien des flics, souvent frustrant, parfois excitant, est mis en exergue. Alors certes, j'ai été un peu déçu par le dénouement - pas par la façon dont il est écrit mais plutôt par la révélation de l'identité du tueur - mais j'ai beaucoup apprécié ce livre. De par sa dimension historico-ésotérique, les symboles succédant aux textes anciens, et de par ses personnages, que l'on a envie d'accompagner un peu plus longtemps, juste quelques pages de plus...
Foncez, 'Pars vite et reviens tard' est un excellent bouquin. Approuvé par le Ted's Digest.
'Pars vite et reviens tard' : voilà un bien curieux titre pour un livre...Mais l'on finira par apprendre, au coeur du roman, ce que voulait dire l'auteur. Noir, corsé, retors, ce livre est comme un café sans sucre. L'atmosphère est plutôt sombre, nuageuse, et finalement très contemporaine. Mêlant enquête policière, ésotérisme et évocation du Moyen-Age, Fred Vargas créé un univers bien particulier, comme une bulle, une sorte d'itinéraire bis dans le Paris de la fin du XXème siècle. Deux histoires, pour commencer le roman...Celle de Joss Le Guern, ancien marin breton, reconverti crieur public sur la place Edgar-Quinet, à Paris. Trois fois par jour, Joss grimpe sur sa petite estrade et déclame les messages laissés par des anonymes dans sa petite boîte la nuit précédente : déclarations d'amour, plaintes envers les voisins, petites annonces...A 5 francs le message, l'activité est rentable. Un beau jour, Joss commence à recevoir des messages étranges, accompagnés d'une somme plus importante que la mise habituelle. Parfois en latin, souvent incompréhensibles, ces textes ne semblent accessibles qu'à quelques individus. Mais poussé par sa conscience professionnelle, Joss en poursuit la lecture, jour après jour...
De leur côté, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg et son adjoint Danglard font face à une bien curieuse affaire : on leur rapporte que des signes bien singuliers, sortes de 4 inversés avec une base élargie, ont été dessinés sur les portes de plusieurs immeubles parisiens. Ces symboles sont suivies de trois lettres : CLT...Jusque-là, rien de bien dramatique, sûrement une bande de taggeurs...Jusqu'au moment où les morts vont s'enchaîner, ne touchant que des personnes dont la porte ne portait pas ce signe étrange...L'affaire se complique et prend une tournure historique lorsque l'on s'aperçoit que les cadavres portent des symptomes rappelant ceux de...la peste, tout simplement.
Bien vite, les deux histoires originales vont s'entrecroiser, s'entrechoquer dans un crescendo bourdonnant. Le suspense progresse à mesure que l'enquête piétine et que les morts s'accumulent...Qui a 'ressuscité' ce fléau terrible? Et pourquoi? Qui sont ses victimes, sont-elles choisies au hasard ou bien s'agit-il d'un cheminement plus élaboré? Nos deux flics, finalement si ordinaires, empêtrés dans leurs affaires personnelles, sauront-ils comprendre la démarche du tueur et remonter sa trace?
Fred Vargas (au fait, il s'agit d'une dame) a su générer une atmosphère particulière dans son roman, entraînant le lecteur dans les méandres de l'histoire. Les personnages, principaux ou secondaires, sont extrêmement fouillés et créent une galerie de portraits atypiques et attachants. Dans certains passages, on se croirait dans un épisode de La Crim' ou PJ, où Paris est si présente, si pesante, où le quotidien des flics, souvent frustrant, parfois excitant, est mis en exergue. Alors certes, j'ai été un peu déçu par le dénouement - pas par la façon dont il est écrit mais plutôt par la révélation de l'identité du tueur - mais j'ai beaucoup apprécié ce livre. De par sa dimension historico-ésotérique, les symboles succédant aux textes anciens, et de par ses personnages, que l'on a envie d'accompagner un peu plus longtemps, juste quelques pages de plus...
Foncez, 'Pars vite et reviens tard' est un excellent bouquin. Approuvé par le Ted's Digest.