Cyclisme, dopage et dommages collatéraux
Le Teds aime bien le Tour de France. Comme le dit si bien 'l'homme de verre' dans Amélie Poulain, "on l'attend longtemps, et puis ça passe vite"...Trois semaines d'efforts pour les coureurs, trois semaines d'un défilé sportif sur les routes de France, trois semaines avec des milliers de personnes sur le bord du parcours, encourageant les forçats du bitume. Outre l'aspect sportif omniprésent, le Tour a aussi ce rôle social et rassembleur que seuls certains évènements sont capables de générer. On en profite pour découvrir des paysages magnifiques, pour s'exiler un peu en suivant le peloton qui s'étire à mesure que passent les étapes. Alpes, Pyrénées, Télégraphe, Izoard, Iserand, Galibier, Ventoux, ces mots font rêver...Sprint, chutes, consignes d'équipe, rouleur, grimpeur, échappée, maillot à pois, des mots qui évoquent souffrance, effort et dépassement de soi...
Le Teds aime bien le Tour de France, au point de le suivre chaque jour au bureau, via Internet, quasiment en direct, puis le soir dans les résumés des différentes chaînes de télévision. Au point d'écouter les émissions spéciales à la radio, animées par Laurent Jalabert sur RTL, en rentrant du bureau. Je déteste quand le peloton reprend les échappés, je n'aime pas les arrivées au sprint, j'aime les exploits en solitaire, j'aime quand un petit français s'extrait du peloton pour tenter le coup, j'aime suivre le chrono donnant les écarts entre les groupes, faire des calculs sur le futur porteur du maillot de meilleur grimpeur.
Le Teds aime le Tour de France, mais il y a toujours un doute. Sur quoi? Sur le dopage, bien sûr. Après les déboires des dernières années, on nous avait promis un Tour 2007 propre grâce à une charte signée par tous les coureurs avant le départ, sensée garantir l'équité des chances et la bonne foi des cyclistes. Chacun jurait qu'on ne l'y reprendrait plus, à soutenir des champions au final chargés à mort de produits dopants. Parfois même, ils avouent leur forfait plus de 10 ans après, comme le Danois Bjarne Riis, vainqueur en 1996. Longtemps après, histoire de bénéficier de la prescription judiciaire. Parfois, le doute est tellement grand que tout en devient évident, comme pour l'antipathique Lance Armstrong, vainqueur à sept reprises de la grande boucle. Résultat, même quand on croit en la 'propreté' de l'épreuve, il existe toujours quelques coureurs qui continuent à tout gâcher, sacrifiant leur image et leur carrière sur l'autel de la performance, gâchant les espoirs placés en eux pour grapiller quelques pauvres minutes sur trois semaines d'effort.
Cette année, c'est l'Allemand de la T-Mobile Patrick Sinkewitz qui s'est attiré les foudres de ses coéquipiers et de sa fédération suite à un contrôle positif en pleine épreuve. Pourtant, lui aussi avait signé la fameuse charte. Les conséquences de cette découverte somme toute bénigne ont pourtant été immédiates et inattendues. Ce fut tout d'abord la décision des chaînes de télévision allemandes ARD et ZDF de suspendre la diffusion du Tour 2007. Ils avaient en effet prévenu, après l'affaire T-Mobile avec Jan Ullrich, qu'à la moindre incartade d'un coureur allemand, ils stopperaient leurs retransmissions. Et ils l'ont fait, jugeant indécent de promouvoir et d'encourager à coup de millions d'euros un sport rongé de l'intérieur et des 'athlètes' finalement bien ordinaires et fourbes. Autre dommage collatéral du contrôle positif de Sinkewitz, Adidas a décidé d'arrêter ses activités de sponsoring dans le vélo...Irrité par l'attitude de sportifs qu'elle entretient via un partenariat avec notamment l'équipe T-Mobile, la société allemande ne veut plus voir son image écornée et sa réputation mise à mal par quelques tricheurs.
D'autres sponsors du Tour, comme Audi, envisageraient de mettre fin à leur collaboration dans le futur. Audi arrêterait ainsi de fournir des voitures à l'organisation du tour. Et ensuite, qui sera le prochain?
Aujourd'hui, ce fut au tour du maillot jaune Rasmussen de se voir accusé de trafic de produits dopants par un ancien coureur. Rasmussen est également dans le collimateur de la fédération internationale pour avoir 'omis' de transmettre son planning de l'été, lui permettant ainsi de passer au travers des contrôles inopinés organisés par les instances. Pratique. Vrai ou pas? Je ne sais pas, je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que demain, en suivant le contre-la-montre d'Albi, j'aimerais pouvoir me dire que ces flèches casquées, filant à près de 60km/h sur leur engin, ne le font qu'à la force de leurs muscles, qu'à la suite d'un entraînement constant et intelligent. Que celui qui passera la ligne le premier ne sera dans les journaux, le lendemain, que pour ses exploits sportifs. Que ces heures de rêves que les coureurs nous fournissent pendant trois semaines ne sont pas que du vent, que de la poudre aux yeux. Que je ne perds pas mon temps à suivre de tristes clowns, habillés de façon étrange, dont les jambes sont mues par des produits pas très naturels. Qu'un jour le dopage ne sera plus qu'un mauvais souvenir...
Au lieu de cela, je crois que je vais simplement tâcher de profiter de l'instant, parce que finalement, trois semaines sur 52 dans l'année, c'est bien peu pour s'embarasser l'esprit avec autre chose que l'aspect sportif. Quoique...