Obnubilés par les médailles...
Peut-être avez-vous suivi avec assiduité, comme le Teds, les tout récents championnaux du monde d'athlétisme à Osaka. Ces championnats d'où la France, au grand dam de nos amis journalistes, n'a su (pu) ramener que deux pauvres médailles en argent.
J'avais déjà eu l'occasion de fustiger ICI l'attitude générale consistant à ne jurer que par les médailles obtenues, au détriment des valeurs essentielles que sont le dépassement de soi et l'honneur de représenter son pays. En France, tout le monde, sous la pression continue de journalistes décérébrés, incapables et pas foutus de faire moins de 20 secondes aux 100m, attend des athlètes français qu'ils remportent des médailles. Chaque jour, on dresse la liste des médaillables potentiels, on casse du sucre sur le dos de ceux qui, la veille, n'ont su passer les éliminatoires, on se pâme de nos chances de décrocher un petit rond en faux métal. A croire que dans le sport, seule la victoire est belle. A croire que représenter son pays ne suffit pas, à croire que faire partie des 10 meilleurs athlètes mondiaux dans une discipline précise n'est pas assez. Non, il en faut toujours plus.
Lorsque Romain Mesnil, deuxième à la perche, et Yoann Diniz, médaille d'argent sur le 50km marche, sont interviewés après leurs remarquables performances, on commence par leur demander...ce qui leur a manqué pour gagner. Oui oui, c'est véridique, au lieu de les féliciter pour leur médaille d'argent, on cherche à savoir pourquoi ils n'ont pas réussi à décrocher l'or. Sur ce plan, j'ai beaucoup apprécié la réponse de Manuela Montebrun, étiquettée 'médaillable' dans l'épreuve du lancer du marteau mais qui n'a fini 'que' huitième, à la question de l'inénarrable Nelson Montfort. Celui-ci, déçu que cette grognasse n'ait pas daigné accrocher le podium et ainsi faire honte à la France, a commencé par lui exprimer la déception nationale et lui a demandé ce qui n'avait pas marché. La réponse, cinglante, ne tarda pas : Manuela a su remettre Nelson en place en lui disant que la pression supplémentaire provenait des journalistes et que quand même, faire partie des huits meilleures mondiales, c'est pas mal, non? Avec un regard qui semblait signifier : 'Nelson, t'as déjà pris un marteau d'athlé sur le crâne?'.
Alors voilà, j'en ai ras-le-bol de voir mon plaisir constamment gâché par cette quête de médailles, par des gens qui pensent que la qualité d'un athlète se juge à la médaille obtenue le jour J seulement. Voilà quelque chose de bien franco-français, d'assez réducteur. Vous savez quoi? C'est comme recruter ou juger quelqu'un seulement sur ses diplômes, sans même chercher à le connaître - pas question d'avoir tel boulot si vous n'avez pas fait telle ou telle école... Une pensée bien différente prévaut dans les pays anglo-saxons, où la personne compte bien plus que ses diplômes.
Enfin bon, même si Christine Arron, Mehdi Balaa, Leslie Djhone ou Ladji Doucouré n'ont pas eu de médailles, j'ai apprécié ces championnats du monde. N'en déplaise aux journalistes, qui mesurent la qualité des championnats au nombre de médailles rapportées. Depuis la victoire des Bleus en 98, 'la France qui gagne', il existe une pression énorme sur chaque équipe ou athlète engagé dans une compétition plus ou moins importante. En ce moment, on voit ce que subissent les joueurs du XV de France, qui n'ont pas intérêt à se planter. Tout comme les collègues de Tony Parker aux championnats d'Europe de basket. Tous comme les Bleus avant leur déplacement en Italie samedi soir. Sous le prétexte eventé de la 'pression populaire', une poignée de journalistes sportifs mal équarris font naître des espoirs avant, analysent et critiquent pendant, et descendent après les compétitions. Leurs analyses bidons, leurs pronostics toujours trop optimistes sont repris en choeur par la profession entière avant de contaminer le peuple, sensé avoir lui-même semé les graines de tout le tralala. Résultat, on réagit tous pareil. Il faut que cela cesse. Résistons! Lisez plutôt le blog du Teds...