Rubrique livres : 'La femme du Vème', par Douglas Kennedy
L'arrivée d'un nouveau roman de Douglas Kennedy, pour le Teds, c'est un peu la même sensation que pour ceux qui découvrent enfin un nouvel épisode d'Harry Potter. Et pour cause, le grand Douglas est mon auteur préféré - j'ai déjà lu toutes ses oeuvres, parfois plus de cinq fois! C'est simple, j'accroche à tout : le style, le scénario, les personnages toujours si vrais, si réels, si communs mais pour lesquels Kennedy parvient à nous passionner...
'La femme du Vème', c'est du vrai Douglas Kennedy. A savoir que le personnage principal, ici Harry Ricks, professeur de cinéma dans une université américaine, traverse un vrai tour de grand huit, version réelle. Quand tout va bien, tout va vraiment très très bien. Par contre, Kennedy a le don d'imaginer la petite erreur, la petite erreur de parcours qui va précipiter son héros tout en bas, via une spirale inarrêtable...Charge au héros de trouver le chemin du retour...
Le roman commence avec l'arrivée d'Harry à Paris. La raison qui l'a poussée à fuir son pays, à laisser derrière lui sa femme et sa fille restent obscures et ne sera révélée qu'au milieu du roman. Sans emploi, sans toit, Harry va d'abord vivre à l'hôtel et connaître ses premiers déboires. Une rencontre bien intentionnée lui permettra de s'installer - même si le mot est un peu fort, dans une minuscule chambre de bonne glauque du Xème arrondissement. Mais bon, c'est déjà ça; et cela permet à Harry de s'adonner à son rêve secret : écrire enfin son roman. Les ressources financières vont pourtant commencer à manquer et, via son propriétaire pas très clair, Harry va trouver un boulot de gardien de nuit. Il se rend bien compte que cet emploi est très louche et qu'il se passe des choses étranges et inavouables dans l'entrepôt qu'il doit surveiller, mais il a besoin d'argent et accepte.
Harry en est rendu à cette existence miséreuse et sans avenir lorsqu'il va rencontrer Margit, une jolie Hongroise de 50 ans dont il va tomber amoureux. Mais leur relation est des plus étranges; Margit décide du jour et de l'heure de leurs entrevues, qui sont minutées, et Harry ne doit jamais lui poser de questions. Deslors, et de façon assez inexplicable, les choses vont enfin aller dans le bon sens pour Harry : certains personnages malveillants vont disparaître, certaines opportunités vont se présenter, sans qu'il ne fasse de suite le rapprochement avec Margit. Et pourtant...et si c'était elle qui, d'une façon ou d'une autre, avait transformé sa vie à ce point? Avec des méthodes plus étranges que l'amour, cela va sans dire...Quel terrible secret cache-t-elle? On ne l'apprend que dans les toutes dernières pages, lors d'un dénouement d'une intensité incroyable...
Inutile de dire que j'ai adoré ce roman. En plus de son talent habituel, Douglas Kennedy a su cette fois-ci ajouter une touche d'étrange, de surnaturel à son oeuvre, pour notre plus grand bonheur. Et comme l'intrigue se situe dans une ville aussi belle et mystérieuse que Paris, on en profite encore plus; les lieux sont connus, familiers, ce qui aide à s'imaginer les scènes. C'est passé beaucoup trop vite, je voyais le nombre de pages diminuer en me disant que j'en voulais encore et encore! C'est toujours le même effet...Il me reste désormais à attendre le prochain roman de Kennedy, peut-être l'année prochaine? En tout cas, ce type est un vrai tortionnaire, il parvient à nous empêcher de dormir, tant on veut savoir ce que réserve la page suivante!