'Docteur, j'ai le nez qui coule...'
Le Teds vient ce matin pousser un coup de gueule contre ces pseudos-malades qui creusent le trou de la sécu en France. Armés de pioches et de pelles, ils creusent, ils creusent, ils creusent toujours plus profond, sans se soucier du futur de leurs enfants ou petits-enfants. Le système de santé bien trop protectionniste en vigueur en France depuis des années est sur le point d'exploser...Tout le monde le sait, les médecins font des efforts pour réduire leurs presciptions mais les 'patients' ne tirent pas dans le même sens...Visites multiples chez les médecins, consommation incommensurable de pilules et gélules diverses, arrêts maladie à discretion, sont autant de dérives qu'il va bien falloir stopper un jour. Le Teds va également vous parler du système de santé aux Pays-Bas. Il est loin d'être parfait, mais certaines idées seraient tout de même bonnes à prendre...
En France, certains individus appelent le médecin dès qu'ils ont le nez qui coule, l'estomac encombré, un petit mal de tête, une crampe au petit doigt de pied...Un seul mini-symptôme suffit pour déclencher un processus menant, à terme, à l'arrêt maladie de quinze jours minimum, avec les frais que cela implique. Je m'explique. Mme X a le nez qui coule. Là vous vous dites, 'bah elle n'a qu'à prendre un mouchoir'...Non, trop facile! Mme X prend...son téléphone, et compose le numéro qui est enregistré sous 'mémoire 1', celui du Dr. Y. Le Dr Y l'écoute attentivement, lui rappelle gentiment qu'elle est déjà venue le voir il y a une semaine pour un bouton sur le nez, mais face au ton alarmiste de sa 'patiente', il lui propose de passer la voir au cabinet dans l'après-midi, histoire qu'il vérifie tout ça. Notre Mme X., désormais rassurée (un rendez-vous chez le médecin étant une preuve indéniable que l'on est malade), peut vaquer à ses occupations quotidiennes, drapée dans 3 pulls et une couverture, dans son salon chauffé à 25°C le 3 Juillet. Chez le médecin, le verdict est terrible: Mme X. souffre d'une terrible maladie, appelé le 'rhume'. Le Dr. Y, face à l'expression horrifiée de sa patiente, décide de lui prescrire quelques petits bonbons pour faire passer tout ça. Sirop pour la toux qu'elle n'a pas encore, pastilles pour la gorge qui ne la fait pas souffrir, Rhinadvil, aspirine pour le mal de tête qu'elle n'a pas encore ressenti, plus quelques anti-dépresseurs pour corriger la petite déprime qui s'installe face à ce fléau...C'est avec cette jolie liste que Mme X. se rend à la pharmacie du coin. Sa visite de 23€ chez le médecin, les 20€ de médicaments à la pharmacie, tout est remboursé alors pourquoi se priver?
Si jamais, deux jours plus tard, le nez de Mme X. coule toujours et empoisonne ainsi sa vie (elle n'a toujours pas réussi à mettre la main sur un mouchoir à priori), elle rappelle le médecin. 'Ca ne peut plus durer, docteur, soignez-moi je vais mourir'. Le Dr. Y, se disant qu'un peu de repos ferait du bien à Mme X., génère donc un arrêt de travail d'une semaine, pour qu'elle puisse soigner son 'rhume'. Pendant ces 7 jours, qui deviendront quinze, Mme X. est payée par son employeur et la caisse d'assurance maladie, sans rien apporter à sa société puisqu'elle est 'malade'. Je vous laisse imaginer la facture laissée par Mme X. pour son 'nez qui coule' à la société française...Et oui, tout ceci est payé par vous, pauvres bougres qui allez bosser chaque matin...Mais bon, dites-vous que Mme X. est contente et désormais en bonne santé, après trois semaines (bah oui elle a fait une rechute, l'autre narine s'est mise à couler) de repos pour soigner son petit rhume.
Voilà, ça c'est en France. Laissez-moi maintenant vous expliquer comment ça se passe aux Pays-Bas. Ici, les médecins ne connaissent qu'un seul médicament: le jour de repos (un seul, pas trois semaines, hein). Ne vous avisez pas d'appeler le médecin pour le nez qui coule, il vous rirait au nez...Vous demandant de prendre un mouchoir, de faire des inhalations et de rappeler seulement si vous voyez tout bleu où si vous ne tenez plus debout (et encore...). Si par chance, vous arrivez à décrocher un rendez-vous chez le médecin, il existe très peu de chances pour qu'il vous ausculte...Il vous confirmera simplement qu'un jour de repos vous suffira pour soigner cela. Pas question d'avoir le moindre médicament...Ici, les cachets d'aspirine ou de Spasfon/Rennie sont vendus au supermarché, charge à chacun d'en avoir d'avance à la maison. Par la force des choses, les Néerlandais ne sont pas de gros consommateurs de médicaments, et développent une résistance naturelle aux microbes beaucoup plus forte que la nôtre...Un mal de tête, ça passe, un nez qui coule, ça se mouche, une gastro, ça finira bien par s'arrêter...Les médecins ne sont là que pour les gens presque morts...
Le système de santé est également différent. Pas de sécurité sociale ici, chacun a une assurance privée, dont l'offre de base est la même quelle que soit la compagnie choisie. La prime est payée en partie par l'employeur, et en partie par l'assuré. Une règle très intéressante fait également que les Hollandais réclament très peu de remboursements: le 'no-claim'. Si au cours de l'année écoulée, vous n'avez demandé aucn remboursement à votre 'mutuelle', vous êtes remboursés de 255€...Inutile de dire que si vous avez une visite chez le médecin à payer, vous vous en acquittez et vous attendez les 255€ en fin d'année...Un bon moyen pour forcer les gens à ne pas 'déclarer' les petits montants, car même 10€ vous foutraient votre no-claim en l'air...
D'autre part, les Hollandais ne sont pas friands du tout des jours de maladie. En effet, si vous n'allez pas au travail un jour, même avec une bonne raison (certificat médical, etc.), vous n'êtes payé que 70% de votre salaire quotidien...Deslors, on y réfléchit à deux fois lorsque la flemme vous retient au lit où qu'un léger mal de tête du lundi matin fait son apparition...Connaissant l'amour des Bataves pour leur argent, vous imaginez bien qu'il leur est inconcevable de perdre 30% de leur salaire journalier pour un mal de tête...D'autre part, si en France la Sécu ne vient vérifier qu'au bout d'un mois d'arrêt maladie si vous êtes vraiment malade, le système est tout autre aux Pays-Bas. L'organisme de 'médecine du travail', appelé ArboDienst, peut vous appeler dans la première matinée si vous n'êtes pas au travail (l'employeur a l'obligation de les appeler si vous avez annoncé votre absence pour maladie), vous demandant ce que vous avez et surtout...quand vous retournez au boulot...Pas question d'aller se balader, si jamais ils appelent et que vous n'êtes pas là, ils peuvent tout à fait débarquer chez vous...Et là, c'est le drame...
Alors certes, ce système 'à l'Américaine' n'a pas que des avantages, mais 1 - il développe la résistance naturelle du corps humain, et 2- il est beaucoup plus économique que le système Français où la moindre dépense est prise en charge...Notre pays d'assistés ferait bien de s'inspirer de ses voisins européens et arrêter de s'apitoyer sur son sort. Zut à la fin.