Tour de France : le grand n'importe quoi
Incroyable, c'est tout simplement incroyable. Alors que les coureurs, chargés ou non, continuent de grimper, le Tour de France et sa réputation n'en finissent plus de dégringoler.
Le Teds vous faisait part il y a quelques jours de sa déception vis-à-vis des affaires de dopage, de toutes ces suspicions qui planaient sur l'épreuve depuis son commencement. Et bien en à peine deux jours, le Tour a pris de sacrés coups, dont il pourrait avoir du mal à se remettre. Ce fut tout d'abord le Kazakh Alexandre Vinokourov, vainqueur du contre-la -montre individuel d'Albi après avoir été à la peine et à moitié mort dans les Alpes, qui fut contrôlé positif. Positif à quoi? A la testostérone? Non, trop classique. Notre ami a fait dans le dopage plus sophistiqué, loin de celui qui consistait à se faire injecter des produits amplifiant la performance musculaire. La tendance du moment est aux transfusions sanguines, qu'elles soient autologues ou homologues. Cela consiste, pour faire simple, à prélever chez le sujet (ou tout autre individu du même groupe sanguin et rhésus) du sang après un effort physique important et à le conserver - ce sang étant fortement chargé en globules rouges, chargés d'amener l'oxygène aux cellules. Juste avant une épreuve (genre une étape de montagne), le tricheur se fait transfuser ce sang 'chargé', beaucoup plus efficace, et dope ainsi son système sanguin. Ni vu ni connu, pas de produit exogène détectable, c'est un dopage biologique hyper-efficace.
Sauf que Vinokourov s'est fait prendre, la différence entre les deux populations de globules rouges ayant été détectée par une nouvelle méthode. Il avait utilisé le sang d'un autre, de même groupe sanguin et rhésus que le sien...mais il s'est fait piquer (ah, ah, ah). Résultat, bye-bye Vino, et bye-bye Astana, l'équipe dont il était le leader ayant été priée de se retirer du Tour de France 2007.
Quelle tristesse, quelle déception...mais aussi quelle belle explication pour son retour en forme soudain, rappelant l'épisode Floyd Landis de l'année passée. Largué, perdu, humilié lors d'une étape où ilavait complètement flanché, l'Américain avait écrasé ses rivaux le lendemain et signé une victoire en solitaire...avant de se faire pincer, lui aussi. Tous les mêmes...Comment croire au cyclisme? Comment continuer à se passionner et à vibrer pour une épreuve minée par de telles tricheries, de tels abus?
Aujourd'hui, un coureur italien de l'équipe Cofodis a été contrôlé positif à la testostérone exogène (non-produite par l'organisme). Conséquence immédiate : l'équipe française se retire de l'épreuve. Et de deux...
Mais c'est ce soir que la nouvelle la plus frappante est tombée : l'actuel maillot jaune Mickael Rasmussen a été prié par son équipe Rabobank d'abandonner la compétition! De lourdes suspicions pesaient sur le Danois, qui avait réussi à éviter plusieurs contrôles ces derniers mois en ne révélant pas son emploi du temps et son planning d'entraînement. Aujourd'hui encore, il a tranquillement attendu son heure et a fini par griller tous ses concurrents dans les derniers kilomètres, transpirant à peine, jamais en danseuse, comme si la route était plate alors que l'Aubisque présente des pentes à 10%...Peut-être la victoire d'étape de trop, celle qui a fait douter son directeur sportif de l'authenticité des performances de Rasmussen. Il existe désormais de grandes chances que l'équipe néerlandaise ne prenne pas le départ demain matin.
A ce rythme, peut-être que Christophe Moreau, qui a encore pris 42 minutes dans la tête aujourd'hui, va finir par se rapprocher du podium...D'après mes calculs, il faudrait encore que quatre équipes entières se retirent pour que cela se produise; sachant qu'il reste 4 étapes, finalement Moreau est tout à fait dans les temps...
Bref, je suis dégoûté et je n'arrive pas à faire le tri. Celui qui portera le maillot jaune demain finira-t-il par avouer, lui aussi, dans 10 ans, qu'il était dopé? Comment continuer à applaudir les coureurs, à les encourager alors que l'on a peut-être à faire à 180 tricheurs patentés? Je dis peut-être, pour indiquer qu'il reste encore de l'espoir. Je n'arrive pas à croire qu'il n'y ait pas, dans ce peloton de lycra, quelques coureurs honnêtes et humbles, ne portant que leur propre sang et n'ayant pas des avants-bras de camés, pleins de trous d'aiguille. Enfin bon, je ne sais pas, je ne sais plus. En tout cas, le Tour pour moi, cette année, c'est rideau.